Le Sénégal a vécu une journée décisive ce 17 novembre 2024, avec les élections législatives anticipées visant à élire les 165 membres de l’Assemblée nationale. Alors que les résultats officiels sont attendus, le parti Pastef, au pouvoir, revendique une victoire écrasante qui pourrait marquer un tournant politique dans le pays.
Dimanche soir, le porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, a annoncé sur la chaîne TFM que le Pastef avait obtenu une “large victoire“, s’appuyant sur 90 à 95 % des résultats partiels disponibles. “Je rends hommage au peuple sénégalais pour la large victoire qu’il a donnée à Pastef“, a-t-il déclaré, ajoutant que cette majorité qualifiée permettra de poursuivre l’agenda de rupture et de justice sociale porté par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko.
Selon des résultats partiels rapportés par les médias, le Pastef est arrivé en tête dans une majorité des centres de vote. Même des figures de l’opposition, comme Barthélémy Dias et Amadou Ba, ont reconnu la défaite et félicité le Pastef, qui les a battus dans leurs propres bureaux de vote.
Ces élections font suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Bassirou Diomaye Faye en septembre, une décision justifiée par l’impossibilité de gouverner face à une Assemblée contrôlée par l’opposition. Le chef de l’État, élu en mars 2024, avait promis des réformes profondes, mais les blocages institutionnels l’ont poussé à organiser ce scrutin anticipé.
Une campagne marquée par des incidents
Le climat électoral a été marqué par des tensions. La campagne a connu des incidents, dont des attaques contre des convois et des militants, alimentant les accusations mutuelles entre le Pastef et les partis d’opposition.
La participation semble avoir été inférieure à celle de l’élection présidentielle de mars dernier, où elle atteignait 61,3 %. Lors des dernières législatives en 2022, 46,6 % des inscrits s’étaient rendus aux urnes. Les premiers chiffres suggèrent un désintérêt relatif pour ce scrutin, malgré les enjeux majeurs qu’il représente pour le Sénégal.
Pour le Pastef, cette victoire, si confirmée, serait une opportunité unique de mettre en œuvre son programme politique sans entrave. Ce triomphe renforcerait également la position d’Ousmane Sonko, figure charismatique du parti, et principal architecte de son ascension.
L’opposition fragilisée
Face à la montée en puissance du Pastef, les coalitions d’opposition, notamment Takku Wallu Sénégal dirigée par l’ancien président Macky Sall, et Jamm ak Jarim menée par Amadou Ba, sortent affaiblies de ces élections. Certaines formations, comme Takku Wallu, dénoncent des irrégularités, parlant de “fraude massive”, mais sans incidents majeurs signalés par les observateurs.
Alors que le pays attend les résultats définitifs, l’annonce de cette victoire par le gouvernement a déjà déclenché des scènes de célébration devant le siège du Pastef à Dakar. Ce succès, s’il est confirmé, marquerait une consolidation du pouvoir autour du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, ouvrant une nouvelle page dans l’histoire politique du Sénégal.
Le Pastef attendu à l’œuvre
La tâche s’annonce ardue pour le Pastef, qui devra prouver sa capacité à répondre aux attentes d’une population aspirant à des réformes rapides dans un contexte économique et social difficile. Jusque-là l’ancienne bête noire du régime de Macky Sall faisait l’objet de vives critiques de l’opposition, l’accusant d’incapacité à bien gouverner.