Sénégal : l’ancien président Macky Sall s’en prend à Ousmane Sonko

À quelques jours des élections législatives anticipées du 17 novembre, l’ancien président du Sénégal, Macky Sall, a publié une lettre coup de poing. Depuis le Maroc, où il réside, celui qui était encore chef d’État il y a huit mois critique sévèrement la gouvernance de ses successeurs, en particulier Ousmane Sonko, qu’il accuse d’avoir plongé le Sénégal dans une crise économique et sociale majeure.

Cette adresse aux Sénégalais, diffusée sur les réseaux sociaux et relayée par les médias, sert à la fois de bilan de son propre mandat et de programme de campagne pour son retour en politique, en tant que tête de liste de sa coalition.

Un Sénégal en « situation catastrophique »

Selon Macky Sall, l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités a entraîné le pays dans un « déclin » rapide et profond. Il dépeint une économie en berne, marquée par une dégradation de la note souveraine du Sénégal et par une paralysie des secteurs clés. « L’agriculture, le commerce, l’artisanat, et les BTP sont en grave déclin », écrit-il, ajoutant que des milliers d’ouvriers du bâtiment sont désormais au chômage, tandis que d’autres secteurs, comme la pêche et l’élevage, subissent également les contrecoups d’une gouvernance qu’il qualifie de « populiste et marquée par les contre-vérités ». Ces « promesses non tenues », selon lui, ont aggravé la précarité des petits commerçants et artisans, qui occupent des millions de Sénégalais.

Macky Sall souligne aussi l’impact des scandales non résolus au sein des institutions nationales, comme ceux de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) et de l’Agence Sénégalaise de l’Électrification Rurale (ASER). Pour lui, l’inaction du gouvernement dans ces affaires alimente la défiance des investisseurs et obscurcit les perspectives de l’économie sénégalaise.

Un retour motivé par « le populisme » et « la manipulation »

Dans sa lettre, Macky Sall s’attaque aussi aux méthodes de gouvernance qu’il attribue au régime actuel, qui se nourrirait de « populisme » et de « manipulation ». Il accuse le gouvernement de « parole stérile », relayant des rumeurs et des accusations sans fondement, comme celle d’un compte bancaire à mille milliards de FCFA, rapidement démentie par des experts. Pour l’ancien président, ces « dérives » ont fini de convaincre de la nécessité de son retour pour « sauver » le Sénégal de la dégradation actuelle.

Un programme de campagne : réformes et réconciliation

Dans sa lettre, Macky Sall détaille également ses propositions s’il était élu avec sa coalition, allant jusqu’à faire sept promesses, dont certaines reprennent des engagements non réalisés par le pouvoir actuel. Parmi elles, la formation d’un gouvernement d’union nationale, la convocation d’assises de la réconciliation, et une réduction du train de vie de l’État. Ces engagements visent, selon lui, à restaurer la confiance des citoyens et des partenaires internationaux.

Macky Sall, qui se décrit comme le garant d’un « taux de croissance positif » et d’un pays écouté sur la scène internationale avant son départ, espère ainsi rallier les voix des électeurs mécontents et des sceptiques, et amorcer un redressement.

Un contexte politique sous tension

Les élections législatives du 17 novembre s’annoncent tendues, avec des enjeux importants pour les deux camps. Tandis que l’actuel pouvoir défend son bilan et accuse l’ancien président d’être responsable des injustices et de la corruption passées, Macky Sall entend se poser en alternative face à ce qu’il qualifie de « mauvaise copie » de son propre programme, le Plan Sénégal Émergent.

Ainsi, à travers cette lettre, Macky Sall place ces législatives comme un tournant crucial pour le Sénégal, et espère s’imposer comme un acteur incontournable dans la scène politique du pays, en réponse aux crises qu’il dénonce.

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