Dans une déclaration inédite et sans concession, ce samedi 16 novembre 2024, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a adressé des critiques ouvertes à l’égard de la junte au pouvoir, tout en appelant à un dialogue sur la fin de la transition politique en cours. Lors d’un discours devant les membres de son mouvement, le M5 RFP, il a pris position sur des sujets sensibles, révélant des tensions internes au sommet de l’État.
Une mise en cause publique de la gouvernance
Vêtu d’une casquette de camouflage, symbole de soutien aux forces armées, Choguel Maïga a d’abord salué les efforts des militaires sur le front, avant de s’en prendre à ceux qui gouvernent depuis Bamako. Il a notamment dénoncé son exclusion des décisions importantes :
« Ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a-t-il martelé.
Choguel Maïga n’a pas hésité à souligner que la transition politique actuelle vacille, évoquant un risque de régression significative :
« Avec les risques de graves remises en cause et de retour en arrière », a-t-il averti.
Une transition critiquée pour ses dérives
Le Premier ministre a également mis en lumière des contradictions dans la gestion de la transition. Il a révélé qu’en moins de deux ans, plus de 100 nouveaux partis politiques, majoritairement proches de la junte, ont obtenu leur agrément, alors que les assises nationales avaient recommandé une réduction de leur nombre.
Cette sortie publique a suscité des réactions au sein du cercle rapproché du chef de la junte, le général Assimi Goïta. Un proche, s’exprimant anonymement pour RFI, a estimé que Choguel Maïga « fait de l’agitation, et il sait pourquoi ».
Vers une fracture au sommet ?
Les déclarations de Choguel Maïga interviennent dans un contexte délicat, alors que le Mali est engagé dans une transition sous haute pression internationale. La remise en question publique de la gestion de la junte reflète des divisions internes qui pourraient fragiliser davantage le processus.
Reste à savoir si cet appel à la discussion pour une sortie de crise sera entendu ou s’il marquera le début d’une rupture ouverte entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir.
Avec RFI