Le viol suivi de l’assassinat d’Aïcha Bah, une fillette de 8 ans, a plongé la Guinée dans une profonde consternation. Son corps sans vie a été retrouvé le 14 novembre dernier dans les toilettes de son école Al Fourgan, située à Kagbelen. Cet acte odieux, qui intervient à la veille des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, a provoqué une levée de boucliers au sein de la société civile, des institutions internationales et du gouvernement.
Ce 23 novembre, le gouvernement guinéen, par la voix de Charlotte Daffé, ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, a exprimé son indignation face à ce crime ignoble. Dans un communiqué, il condamne avec la plus grande rigueur cet acte et rappelle l’obligation impérative de préserver la vie humaine : « La vie humaine étant sacrée, chacun a l’obligation impérieuse de la préserver à tout prix ».
Le gouvernement a également annoncé trois mesures immédiates :
- La saisine du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dubréka et l’ouverture d’une enquête pour traduire les responsables en justice.
- Le durcissement de la politique pénale pour exclure toute circonstance atténuante en faveur des auteurs de viols.
- Une intensification des campagnes de sensibilisation pour mieux informer sur les dispositions légales contre les violences sexuelles.
L’indignation du Système des Nations Unies
Le Système des Nations Unies en Guinée a exprimé sa « profonde consternation » face à ce drame. Ce meurtre survient un an après celui d’Aissatou Tambassa, une autre victime de viol et de meurtre. Le Système des Nations Unies appelle à un « sursaut national » pour éradiquer ces violences devenues récurrentes.
Selon Aimé Ntumba Kakolo, représentant du Haut-Commissariat aux droits humains des Nations Unies en Guinée, cette tragédie souligne l’urgence de renforcer les mécanismes de prévention et de protection. « Si l’on commence à toucher l’école, qui devrait être un lieu sûr, il va falloir s’alerter parce que cela risque de s’embraser », a-t-il averti.
Le Système des Nations Unies rappelle également les engagements internationaux de la Guinée en matière de protection des droits de l’enfant et exhorte le gouvernement à traduire ces engagements en actions concrètes.
Une justice critiquée pour son inertie
Les organisations de la société civile pointent du doigt l’inefficacité de la justice dans la lutte contre les violences sexuelles. Selon Oumou Khairy Diallo, présidente du Club des Jeunes filles leaders de Guinée, seulement 10% des cas de violences sexuelles aboutissent à une condamnation. Elle déplore également que certains condamnés puissent revenir dans les mêmes quartiers que leurs victimes, en toute impunité.
Un fléau national
En 2021, un tiers des victimes de viol en Guinée avaient moins de 13 ans, selon la Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables. Le cas d’Aïcha Bah s’ajoute à une liste déjà trop longue, illustrant la gravité du problème.
Face à ce drame, la société civile, les institutions internationales et le gouvernement s’accordent sur une nécessité urgente : mettre fin à l’impunité et protéger les plus vulnérables. Toutefois, seuls des engagements fermes et une mobilisation collective permettront de bâtir une société plus sûre pour tous.