Dans un contexte mondial où l’accès aux technologies est crucial pour le développement économique et social, la Guinée marque un tournant dans son engagement à devenir un acteur technologique en Afrique de l’Ouest. Le dimanche 10 novembre, le Premier ministre Amadou Oury Bah a inauguré la première unité d’assemblage d’ordinateurs portables “Made in Guinea” à Mamou, au sein de l’Institut Supérieur de Technologie (IST).
Ce projet pionnier, réalisé en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur, la société chinoise Green View et le partenaire local Guinea Technologie Innovation (GTI), représente une avancée significative pour le pays.
Une vision de souveraineté technologique
Lors de l’inauguration, le Premier ministre a souligné l’importance pour la Guinée de passer d’un statut de simple consommateur de technologies à celui de producteur. « La Guinée a besoin d’être un acteur de la technologie. Nous ne devons pas seulement consommer des téléphones et des ordinateurs portables, mais les fabriquer nous-mêmes. Nous avons des ressources, une vision, et il nous incombe de former les compétences qui concrétiseront cette vision », a-t-il déclaré.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme national “Simandou 2040” lancé par le président de la transition, Mamadi Doumbouya, qui vise à moderniser et diversifier l’économie guinéenne. L’objectif est de transformer Mamou en un pôle technologique régional surnommé “Mamou Valley”, où entreprises et institutions académiques travailleront main dans la main pour promouvoir l’innovation. À cet effet, plusieurs initiatives ont été lancées, dont la création de la Cité des sciences et de l’innovation et la modernisation des programmes de formation technologique.
Un accès élargi aux technologies
Avec près de 4,87 millions d’internautes et un taux de pénétration de 52% selon DataReportal, la Guinée fait face à une demande croissante pour l’inclusion numérique. Cependant, le coût des ordinateurs et smartphones reste un frein pour de nombreux citoyens. L’unité d’assemblage de Mamou répond en partie à cette problématique en rendant les technologies plus abordables, et en encourageant une production locale qui, à terme, pourrait réduire les importations.
Le Premier ministre a réaffirmé l’engagement de l’État à favoriser l’achat des équipements produits localement. « Nous mettrons en place les mécanismes pour que ce qui peut être fabriqué ici soit utilisé en premier lieu par l’État. L’ordinateur est aujourd’hui le symbole du savoir, et son assemblage à Mamou connecte notre pays au reste du monde », a-t-il ajouté.
Valoriser les compétences locales et promouvoir l’innovation
L’Institut Supérieur de Technologie de Mamou joue un rôle clé dans cette transformation. Ses étudiants ont d’ores et déjà développé plusieurs innovations, notamment un système de protection contre les surtensions, un système d’arrosage automatique, des panneaux lumineux de signalisation, et des dispositifs de gestion de l’alimentation hybride. Ces inventions témoignent du potentiel des jeunes talents guinéens, dont les compétences pourront désormais bénéficier d’un soutien institutionnel accru.
Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement supérieur, a rappelé l’importance de valoriser les talents locaux : « Nous avons les ressources et la vision. Il nous appartient de construire les hommes et les femmes capables de réaliser cette vision ». Cette démarche fait écho aux ambitions de “Mamou Valley”, qui entend fédérer les initiatives et les savoir-faire pour ancrer durablement l’innovation au sein de la région.
Un levier pour le développement économique et la création d’emplois
L’unité d’assemblage d’ordinateurs représente également une opportunité de développement pour le marché de l’emploi. En permettant l’émergence d’un secteur industriel autour de la technologie, le gouvernement espère créer des emplois pour les jeunes, renforcer les compétences locales, et stimuler la croissance économique nationale.
Ce projet marque ainsi une étape importante dans la quête d’autosuffisance et d’indépendance technologique de la Guinée. À travers ces initiatives, la Guinée entend démontrer qu’elle a le potentiel pour devenir un pôle technologique influent en Afrique de l’Ouest, renforçant ainsi sa position et son image sur la scène régionale.