Alors que l’arrestation de Habib Marouane Camara, journaliste et administrateur général du site Le Reveilateur224.com, dans la soirée du mardi 3 décembre 2024, au quartier Lambanyi dans la banlieue de Conakry, par des « individus non identifiés » suscite une vive inquiétude en Guinée, la justice guinéenne vient de se prononcer sur l’affaire.
Dans un communiqué publié ce vendredi 6 décembre 2024, le parquet près le Tribunal de première instance de Dixinn affirme avoir appris cette arrestation par voie de presse.
Selon le document, cette interpellation aurait été réalisée « sans ordre des autorités constituées et hors les cas prévus par la loi ». La justice déclare ne pas avoir connaissance de cette opération et a saisi la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) pour mener une enquête approfondie.
Une répression contre les voix critiques
Cette déclaration du parquet intervient dans un contexte marqué par une répression accrue des voix critiques par la junte militaire au pouvoir, dirigée par le Général Mamadi Doumbouya. Depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, plusieurs arrestations controversées, disparitions et restrictions des libertés fondamentales ont été signalées en Guinée, nourrissant un climat de tension et de méfiance au sein de la population.
Des « investigations en cours »
Le parquet assure que les investigations sont en cours pour identifier les auteurs de cette arrestation et élucider les circonstances de l’affaire. Il invite par ailleurs toutes les autorités administratives, militaires et civiles à coopérer en fournissant tout élément pouvant contribuer à l’enquête.
En attendant les résultats, l’opinion publique s’interroge sur le sort de Habib Marouane Camara. Ses proches, soutenus par plusieurs organisations de la société civile, appellent à sa libération immédiate et dénoncent une dérive autoritaire du régime en place.
Cette affaire rappelle étrangement le kidnapping des leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dont on est sans nouvelles depuis juillet 2024. A l’époque de leur arrestation, la justice guinéenne avait également indiqué ne pas savoir où ils se trouvent, promettant une enquête judiciaire. Les résultats de cette enquête se font toujours attendre.
Ce cas, qui vient s’ajouter à une série d’atteintes aux droits et libertés ces derniers mois, met une nouvelle fois en lumière les défis auxquels la Guinée est confrontée en matière de respect de l’État de droit et des libertés fondamentales. Pourtant, les autorités actuelles avaient justifié leur putsch qui a renversé l’ancien président Alpha Condé par les violations des droits humains et des principes démocratiques.