En Côte d’Ivoire, un simple geste de vanité numérique a tourné à l’interrogatoire pour l’influenceur Stéphane Agbré, plus connu sous le pseudonyme d’Apoutchou National. Celui-ci a récemment partagé une vidéo virale dans laquelle il exhibe fièrement des liasses de billets. Mais ce moment de démonstration a rapidement attiré la curiosité de la police économique ivoirienne, chargée de vérifier l’origine de cette somme.
Dans un contexte où la Côte d’Ivoire est inscrite sur la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI) – liste des pays nécessitant un renforcement de leurs dispositifs anti-blanchiment et anti-financement du terrorisme – ce type de démonstration publique ne passe pas inaperçu.
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 13 novembre 2024, le Parquet du Pôle Pénal Économique et Financier a annoncé l’interpellation de trois personnes impliquées dans une affaire de blanchiment de capitaux. Stéphane Agbré, surnommé Apoutchou National, Fofana Abdoulaye et Akobé Leonel alias Leonel PCS, ont été arrêtés le 12 novembre 2024, suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant Stéphane Agbré exhibant un sac rempli de liasses de billets de banque. Le Parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête afin de déterminer la légitimité de cette somme d’argent.
Outre Apoutchou, deux autres individus, Fofana Abdoulaye et Akobé Leonel, sont également dans le viseur des autorités pour des motifs similaires. L’enquête, confiée à la Direction de la Police Économique et Financière, se base sur la loi ivoirienne de novembre 2023, qui cible les fonds suspects et renforce la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement illicite.
La démarche d’Apoutchou National met en lumière une tendance croissante chez les influenceurs : l’attrait de la notoriété instantanée, souvent accompagnée de démonstrations de richesses qui peuvent susciter l’admiration mais aussi attirer des regards inquisiteurs. Bien que l’intention initiale de l’influenceur ait probablement été de renforcer son image de succès, les répercussions peuvent s’avérer lourdes. Si les fonds s’avèrent d’origine douteuse, les sanctions pour Apoutchou et ses associés pourraient inclure des amendes et même des peines de prison.
Ce cas emblématique soulève un débat plus large en Côte d’Ivoire sur l’usage des réseaux sociaux et les comportements des influenceurs, qui peuvent être perçus comme déconnectés des réalités économiques de la population. Loin d’être anodins, ces gestes participent à la banalisation de l’enrichissement rapide sans transparence, un phénomène qui renforce parfois les frustrations sociales dans un pays où les inégalités sont visibles. Pour les autorités, il est essentiel de contenir cette pratique afin de dissuader d’éventuelles activités illégales.
Ainsi, cette affaire pourrait non seulement avoir des effets judiciaires mais également servir de leçon pour les influenceurs ivoiriens, qui, face à la popularité, devront peut-être redéfinir leur responsabilité sociale et faire preuve de prudence dans leurs contenus. En Côte d’Ivoire, le message est clair : la quête de notoriété ne doit pas se faire au détriment de la légalité.