L’ancien directeur général de la police béninoise, Louis Philippe Houndégnon, arrêté le 13 novembre dernier pour « incitation à la rébellion et harcèlement par voie électronique », sera jugé le 16 décembre 2024. Cette affaire intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes au Bénin, où le régime de Patrice Talon fait face à des critiques accrues.
Une arrestation aux répercussions politiques majeures
Figure influente sous la présidence de Thomas Boni Yayi, Louis Philippe Houndégnon avait été écarté de la scène publique après l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir en 2016. Ces derniers mois, il avait choisi de s’exprimer sur les réseaux sociaux, critiquant ouvertement la gouvernance actuelle. Ses prises de position lui ont valu des menaces, qu’il avait publiquement dénoncées avant son interpellation à son domicile d’Abomey-Calavi.
L’arrestation du général, confirmée par ses proches, a été suivie d’un placement sous mandat de dépôt après une audition devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). L’affaire suscite de vifs débats dans l’opinion publique, notamment autour des accusations de rébellion portées contre lui.
Des tensions croissantes à l’approche de 2026
Cette arrestation s’inscrit dans un climat déjà tendu. En septembre, Olivier Boko, proche de Patrice Talon, et Oswald Homéky, ancien ministre des Sports, ont été arrêtés pour des soupçons de projet de coup d’État. Ces événements mettent en lumière des fractures au sein du pouvoir à quelques années de la fin du second mandat de Patrice Talon en 2026.
Olivier Boko, souvent perçu comme le « bras droit » de Talon, avait récemment manifesté des ambitions présidentielles. Son arrestation, ainsi que celle d’Oswald Homéky, a surpris l’opinion, leur statut de proches du régime semblant les protéger jusqu’alors.
La position du gouvernement
Face à la controverse, le gouvernement a tenu à rappeler les principes de responsabilité individuelle. Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole adjoint du gouvernement, a déclaré : « On est en démocratie. Chacun est libre de dire et d’écrire ce qu’il veut. Mais ensuite, il faut en assumer les conséquences ». Ce discours vise à justifier l’arrestation du général Houndégnon tout en rejetant les accusations de dérives autoritaires portées par les critiques du régime.
Une affaire scrutée de près
Le procès du 16 décembre pourrait être un révélateur des orientations politiques à venir au Bénin. Tandis que l’opposition et des observateurs internationaux dénoncent un durcissement des libertés, le pouvoir insiste sur le respect de la loi face à des actes qu’il considère comme subversifs. Le dénouement de cette affaire aura des implications importantes pour le climat politique et la stabilité du pays à l’approche de la présidentielle de 2026.